Annoncé le 17 mai 2020 par le ministre des Solidarités et de la Santé, Olivier Véran, le Ségur de la santé s’est déroulé du 25 mai 2020 au 10 juillet 2020. Souvent réduit dans les médias à un plan de revalorisation salariale du personnel soignant, le Ségur de la santé va plus loin et aborde de nombreuses questions posées par les acteurs de santé.
Le Ségur de la santé : de quoi s’agit-il ?
Le Ségur de la santé – du nom de l’avenue où est implanté le ministère – est une consultation avec les acteurs de la santé qui vise à accélérer la rénovation du système de santé français. L’ambition annoncée de cette concertation est de tirer collectivement les leçons de la crise du COVID-19 et faire le lien avec les orientations de Ma Santé 2022 pour bâtir les fondations d’un système de santé plus moderne, plus résilient, plus innovant, plus souple et plus à l’écoute de ses professionnels, des usagers et des territoires.
Le Ségur de la santé a compté différentes consultations :
- des concertations nationales à travers un comité Ségur national et un groupe de travail spécifique sur la question des carrières et des rémunérations ;
- des retours d’expérience dans les territoires ;
- une consultation en ligne pour recueillir les témoignages des professionnels de santé.
Le Ségur de la santé s’est également nourrit des travaux du Conseil économique, social et environnemental (CESE) qui a lancé une consultation citoyenne sur l’hôpital.
Animée par Nicole Notat, la concertation engagée dans le cadre du Ségur de la Santé a porté sur les 4 piliers suivants :
- Transformer les métiers et revaloriser ceux qui soignent ;
- Définir une nouvelle politique d’investissement et de financement au service des soins ;
- Simplifier radicalement les organisations et le quotidien des équipes ;
- Fédérer les acteurs de la santé dans les territoires au service des usagers.
Les conclusions du Ségur
Au terme des consultations, le ministre de la santé a dévoilé le 21 juillet les conclusions du Ségur de la santé basées sur les recommandations de la mission Notat. Ces conclusions comportent 33 mesures pour réformer le système de santé. Bien que la mesure 27 prévoie de lutter contre les inégalités de santé, la prévention et la promotion de la santé restent relativement absentes du Ségur.
Quelle place pour la promotion de la santé ?
Le Ségur de la santé oublie celles et ceux qui construisent, avec les habitant·e·s, les personnes soignées et accompagnées, les réponses de santé publique et de prévention, estiment de nombreux acteurs en promotion de la santé. Dans une tribune publiée le 17 juin intitulée « La santé, c’est plus que l’hôpital !, la Fédération Nationale d’éducation et de promotion de la santé (FNES) – dont fait partie la FRAPS-IREPS Centre-Val de Loire – regrette, avec la coalition pour la prévention et la promotion de la santé, que le gouvernement restreigne la réflexion sur le système de santé uniquement à la gestion de la maladie. Les acteurs en prévention et promotion de la santé soulignent que la refondation du système de santé ne peut se cantonner à réformer uniquement le système de soins dans un contexte où la crise sanitaire a mis en exergue les inégalités sociales et territoriales de santé déjà existantes.
Vers un Ségur de la santé publique ?
Dans son discours de conclusion du Ségur de la Santé le 21 juillet 2020, le Ministre des Solidarités et de la Santé a proposé la tenue d’un « Ségur de la Santé publique » à l’automne 2020.
Les acteurs associatifs unis pour la prévention et la promotion de la santé rassemblant élus, professionnels impliqués dans des dynamiques territoriales de santé, des démarches de santé communautaire, d’éducation pour la santé, personnes soignées et accompagnées et habitants se mobilisent pour contribuer pleinement à ce nouveau Ségur dès la définition de ses objectifs et jusqu’aux processus de décision, pour une refondation globale du système de santé permettant de faire face aux défis à venir et aux inégalités sociales de santé particulièrement marquées dans notre pays.
Au niveau local, mobilisons-nous pour que le Ségur de la santé publique à venir prenne en compte les enjeux liés à l’ensemble des déterminants influençant l’état de santé des populations ainsi que l’importance de l’adaptation des politiques sur chaque territoire avec l’implication de tous ses acteurs.